15-16 janvier 2011
Il y a 67 ans, c'est long et court à la fois, une messe rassemblait à Paris, dans l'Eglise Notre-Dame des Victoires, autour du père Sevin, le premier noyau de ce qui devait devenir "La Sainte Croix de Jérusalem." C'était aussi un samedi... vous en trouvez un récit succinct dans l'article "une histoire". Ce jour-là la Paroisse Notre-Dame des Victoires célébrait sa Fête patronale, le Coeur Immaculé de Marie, refuge des pécheurs. Chaque année depuis 1944, les communautés dispersées dans le monde sont unies dans une même action de grâces que chaque prieuré célèbre à sa manière mais toujours dans la prière, la joie et la simplicité.
Cette année 2011, le Prieuré de Boran a eu la joie d'accueillir le père Daniel Guette, ami de très longue date... Ensemble nous avons joyeusement célébré l'anniversaire des commencements, et, au cours de l'Eucharistie, son homélie nous a touchées au coeur, il veut bien que nous vous la fassions partager :
Il y avait un mariage à Cana en Galilée. C’était une fête, comme la fête de l’anniversaire de la fondation. Aucun doute à l’époque, le rassemblement du village se déroulait sous la tente. Une tente dressée pour un instant de liesse, mais qui sera sans nul doute déplacée. Nul doute que dans chacune des implantations, on célèbre en ce moment même ce que vous appelez la spiritualité de la tente.
J’ai beaucoup aimé cet appel du père Jacques Sevin à ne pas s’installer dans le confort et les habitudes et à demeurer attentifs aux manques des familles. Le « Home » est une première réponse –aux manques de la société- chez nous comme au Tchad ou au Chili, aux manques de l’Église, avec la réponse authentique de Taybeh.
Comme Marie, vous nous invitez à nous tourner vers la Croix de Jésus « ils n’ont pas de vin ».
Oui, combien sont en panne de paix, de joie, d’amour, de lumière ?
Il est des lieux et des moments où nous avons l’impression de n’être pas entendus « mon heure n’est pas encore venue ».
Qu’il s’agisse de la naissance d’un enfant ou de la fondation d’une congrégation, on ne peut faire l’économie de souffrances ou d’épreuves. Même au moment où germent, fleurissent des initiatives, le calvaire des uns ou des autres, donnera sens au don des personnes, à leur consécration.
« Remplissez d’eau les urnes ».
L’eau signe de vie déjà transforme les existences. Vous connaissez le problème de l’eau en Palestine, comme à Cana, mais aussi au Tchad. Ecoutons alors Jésus s’adresser aux serviteurs et servantes que nous sommes « Remplissez d’eau les cuves ». Apportez ce que vous possédez de meilleur à travers les talents que Dieu nous donne, ce qui est nécessaire à la vie, à la vie de ces petits auxquels le Seigneur accorde toute son attention.
Chacun a son rôle à Cana, et tout particulièrement le maître du repas. Là encore, les éducatrices vont retransmettre cette eau changée en vin, que ce soit à « la Maison Française » ou au collège « Joséphine Bakhita ». Heureux jumelage où le seul médiateur transforme les cœurs, mais en voulant que bien des intermédiaires participent.
Marie, le maître du repas, les serviteurs, vous savez mieux que personne, combien chacun(e), porteur de la spiritualité de St Ignace, participera au discernement incontournable.
« Toi tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant ». Là aussi, donner sens à notre vie, à notre présence, à notre compétence.
Il manifeste sa gloire et ses disciples crurent en Lui. Comment manifester en communauté, en Eglise, foi, espérance et charité ? Comment continuer avec ténacité à mettre en cause
« Caritas in Veritate », l’Amour dans la Vérité, sinon en luttant contre toutes les sources du mal, en faisant confiance au Seigneur. Et nous le croyons, l’accusateur de nos frères (et de nos sœurs) a été rejeté… et eux, ils l’ont vaincu par le sang de l’Agneau et le témoignage de leur parole.
Certes, nous ne sommes pas à l’abri des forces de déstabilisation familiale, entre autres. Le Home a encore, grand merci, de beaux jours.
Oui, Jean dans son livre des Révélations nous invite au témoignage : essayons ensemble d’observer les commandements de Dieu et de garder le témoignage de Jésus.
Là, se situent bien sûr les baptisés, mais bien spécifiquement la vie religieuse. En tissant patiemment les fils de la tente qui abritera la congrégation des Sœurs de La Sainte Croix de Jérusalem, le père Sevin, à sa façon, à sa manière, façonnait une suite évidente à sa prise en compte du scoutisme.
« Dépassant l’amour d’eux-mêmes, ils sont allés jusqu’à la mort... » Mort à nous-mêmes, à nos opinions, à nos préjugés, mais prêts et prêtes à ce grand passage. Ciel, sois donc dans la joie ainsi que vous tous, vous toutes, qui demeurez aux cieux, ceux et celles qui nous ont précédés sur la montée vers Jérusalem.
Mais je ne voudrais pas célébrer avec vous cette Eucharistie, sans rendre grâce pour saint Jean, qui nous rapporte ce « Faites tout ce qu’Il vous dira », en songeant à ce lieu d’appel… à Bois Saint-Denis :
« Notre-Dame de Nazareth, priez pour nous »
Amen !