Voici la Nuit prédite par les Prophètes
Et l’accomplissement des semaines de Daniel ;
Voici la nuit sacrée entre toutes, la fête des fêtes :
Jéhovah ne veut plus être que l’Emmanuel :
Fils des hommes, c’est aujourd’hui la première Noël !
Je vous vois, vous, la Toute-Petite du Très-Haut
Sur l’âne pacifique guidé par Joseph, et qui chemine au
petit trot,
Les mains croisées sur la poitrine, sur ce sein
Qui pour quelques heures encore cache à la terre le
Verbe Éternel,
Les yeux baissés, puisque c’est en vous-même qu’est
enfermé le ciel
Et qu’il n’est pas besoin de chercher Dieu ailleurs
Lorsque vous sentez battre son cœur et votre cœur
L’un contre l’autre, l’un par l’autre,
Et que vous pouvez dire, non seulement : je crois,
Mais je sais, mais je sens
Que mon Créateur s’en va naître de moi…
Ô Vierge, ô Mère unique, incomparable,
À genoux à l’entrée, rien qu’à l’entrée de l’étable
Je vous regarde tout simplement.
Expliquez-moi le mystère de cet Enfant
Qui est le vôtre et cependant le Fils du Père,
Si bien que l’Éternel et vous, la vierge de seize ans,
Ce petit qui va naître et s’appeler Jésus-Christ,
Vous êtes deux à pouvoir lui dire : mon Fils…
« Ô mon Dieu, qui allez devenir mon Enfant,
Quel visage allez-vous offrir à votre Mère ?
Serez-vous donc semblable aux fils des autres femmes ?
C’est donc bien vrai que vous voulez descendre jusque là,
C’est donc bien vrai que je vais vous tenir dans mes bras
Vous que les cieux des cieux ne peuvent contenir,
Vous le Verbe et le Père des siècles à venir ?
Vous voir enfin, et me pencher sur votre visage,
Ô Fils du Tout-Puissant, vous dire « mon petit »,
Et comme à tous les nouveaux-nés recommander d’être bien sage
Pour que votre maman puisse dormir jusqu’au grand jour…
– Vous voulez donc me rendre folle, ô mon Amour ?…
Votre désir était immense comme la mer,
Mais calme comme les eaux des grandes profondeurs,
Et vous étiez toute adorante ignorant le jour et l’heure
Seulement vous sentiez tellement grandir en vous l’amour
Qu’il n’était pas possible qu’enfin il n’éclatât…(à suivre…)